Raquette à neige, mode d'emploi
Au origines de la raquette
Des raquettes à neige préhistoriques on été découvertes en Arménie, Russie, Laponie mais le plus ancien exemplaire serait italien. Cette raquette de 5 800 ans a été découverte par Simone Bartolini, cartographe de l’IGM de Florence[1] sur un glacier des Alpes italiennes: le Gurgler Eisjoch, à 3 134 m ; la région ou Ötzi, « l’homme des glaces » avait été découvert en 1991[2].
Bien après les migrations de population par le Détroit de Béring, les premiers trappeurs français du saint Laurent au Canada au XVIe siècle découvrent les raquettes amérindiennes. Elles ont une armature en frêne, des lanières de cuir pour le tamis elles et diverses formes: ronde (patte d’ours) ovoïde (Algonquine-Huronne), lenticulaire (Yukon-Ojibwa). Le terme raquette date de cette époque par analogie avec la « rachette » du « jeu de paume ». Pour les amérindiens l’usage de la raquette était associé aussi associé à l’utilisation du traîneau, mode de transport le plus adapté à la neige ou à la glace. Ce dernier prenait la forme d’un toboggan à fond plat, l’ancêtre du traîneau à chiens.
Dans les années 80, les accompagnateurs en montagne Louis Ours et Jean-Claude BIBOLLET développent la pratique de la raquette à neige. Les premières raquettes avec sabots en caoutchouc font rapidement place à des modèles réalisés en matière plastique avec une plaque de chaussage à taille réglable (inspirée des fixations de ski de randonnée). On trouve des crampons à l’avant de la plaque de chaussage, des picots ou griffes en acier sous le tamis qui permettent de cramponner la neige et la glace. D’autres innovations comme les cales de montées apportent aussi une aide dans les pentes les plus fortes.
Raquette à neige, quelques conseils
Je ne développe pas ici le sujet des randonnées alpines qui exigent un encadrement qualifié et un équipement complémentaire indispensable pour parer au danger d’avalanche entre autre.
Le réglage de la taille des chaussures sur la plaque de chaussage doit être fait avec soins et de préférence avant la sortie. Les serrages doivent être suffisamment efficaces pour diminuer le fastidieux resserrage des sangles pendant la randonnée. Les modèles de raquette à fixations automatiques, plus lourds, nécessitent des chaussures de montagne à débord, elles aussi plus lourdes.
La cale de montée ne doit s’utiliser que dans le cas d’une montée face à cette pente pour ne pas déséquilibrer le randonneur. Le blocage de la fixation au tamis est uniquement destiné à faciliter le franchissement ou le saut d’un obstacle (barrière, clôture, tronc d’arbre,…). La raquette en randonnée loisir se limite donc principalement aux terrains vallonnés ne nécessitant pas l’usage des techniques de l’alpinisme.
Une activité pour tous niveaux
La raquette à neige est une activité accessible à tout marcheur, idéale pour une sortie familiale qui attire une clientèle locale et touristique croissante. A l’heure actuelle toutes les stations possèdent des parcours d’initiation. Les autres circuits reprennent le balisage ski (source FFME[4]):
- Vert : 2 à 5 Km, dénivellation + : 100 à 300m
- Bleu : 4 à 7 Km, dénivellation + : 200 à 400m
- Rouge : 5 à 12 Km, dénivellation + : 300 à 800m
- Noir : itinéraire de montagne.
La qualité de la neige est un facteur très important à prendre en compte et pouvant moduler la difficulté d’une randonnée à raquette. Une neige profonde (poudreuse ou mouillée) vous ralentira et vous demandera un effort plus important qu’en neige damée. Un passage verglacé imprévu peu parfois vous obliger à faire demi-tour si vous n'êtes pas équipé et si ous ne maitrisez pas la technique du cramponnage.
Les chemins d’été sont souvent, même en raquette, peu praticables en hiver (corniches, rochers). A cette saison le balisage disparaît sous la neige, la glace ou le givre ; l’itinéraire familier en été devient « terra incognita ». Le brouillard, la météo capricieuse sont autant de paramètres à ne pas négliger. On consulte la météo. On prend des infos sur l’itinéraire. On s’équipe en conséquence. On fera donc attention en suivant des "applications rando" basés sur les circuits d'été pour éviter les galères.
Si vous voulez sortir des sentiers battus découvrir les secrets et la magie de la montagne hivernale faites confiance à un accompagnateur en montagne dont c’est le métier mais aussi et surtout sa passion. Il pourra vous guider à la découverte d’un milieu naturel unique, superbe et fragile en toute sécurité dans le respect de la quiétude animale.
S’équiper, le pense-bête raquette
Les randonnées en raquette, même de courte durée, demande un équipement conséquent et de qualité. N’oubliez pas vous êtes en montagne et en hiver. Vous pouvez vous retrouver dans le blizzard à quelques centaines de mètres de votre voiture ou d’une piste de ski et peiner à retrouver votre chemin plus encore avec des enfants. Cette remarque vaut autant pour un professionnel que pour un randonneur amateur. Concrètement il faut à minima prévoir (liste non exhaustive):
- Chaussures chaudes de marche et montantes, guêtres
- Pantalon et veste d’hiver (éviter les combinaisons souvent trop chaudes)
- Gants, bonnet, tour de cou
- Boisson (thermos) et ravitaillement (qui ne gèle pas !)
- Sac à dos confortable pour mettre le tout dedans
- Sachets plastiques pour maintenir le tout au sec
- Lunettes de soleil efficaces UV3/ UV4 (masque en cas de mauvais temps)
- Bâtons à votre taille solides (attention les bâtons télescopiques gèlent !)
- Portable avec batterie chargée à bloc et mis au chaud !
- Papier wc (pour les urgences)
- Mouchoirs papiers pour le nez à ramener avec vous, merci!
- Lampe frontale et piles de rechange, la nuit tombe rapidement en hiver
- Petit réchaud pour un groupe pour les sorties à la journée
- Pharmacie, couverture survie
- Votre fiche itinéraire et les numéros de téléphone
- Prévenez systématiquement un proche de votre itinéraire
[1] http://www.ansa.it/english/news/2016/09/12/worlds-oldest-snowshoe-presented_f689ca54-1976-4dbf-ae46-86ac526ad000.html
[2] https://sciencepost.fr/?s=otzi